La collectivité dans le contexte de la réforme des rythmes scolaires
Tout pays qui veut aller de l’avant se doit à un moment ou un autre d’entreprendre des réformes. Il ne s’agit pas seulement de proposer ou imposer une réforme, il faut aussi l’expliquer, estimer son coût, la faire vivre à travers les acteurs qui vont la vivre au quotidien et autant que possible la rendre populaire.
- Qu’en est-il de la réforme des rythmes scolaires ?
- Quel impact cette réforme a-t-elle sur l’organisation des mairies ?
- Quel est le rôle des collectivités territoriales dans l’application du changement des rythmes scolaires ?
Pourquoi cette réforme des rythmes scolaires ?
Revenons un peu en arrière. Nous sommes le 16 mai 2012, Vincent Peillon est nommé Ministre de l’Education nationale. Dès le lendemain, il annonce qu’il va falloir dire adieu à la semaine de 4 jours en primaire (lundi, mardi, jeudi et vendredi). Le temps de la semaine de 4,5 jours va bientôt arriver (rentrées 2013-2014 et 2014-2015). Très bientôt les élèves de primaire iront à l’école également le mercredi matin.
Mais qu’est-ce qui a motivé cette réforme ?
Tout d’abord il s’agissait d’une promesse de campagne du candidat François Hollande. Ce changement de rythme de scolaire dans le primaire s’appuie sur plusieurs constations et études :
- Selon les chrono biologistes, l’apprentissage des enfants sur une plage de 4 jours est défavorable à la concentration et donc à la réussite scolaire.
- L’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) a montré du doigt le nombre de jours d’école en France comparé aux autres pays (144 jours contre 187 en moyenne).
C’est une réforme qui n’a pas été amenée en douceur mais qui au contraire a été imposée aux communes qui pour la plupart n’étaient pas préparées à ce changement.
Comment les municipalités se sont-elles organisées ?
Lorsqu’une réforme est annoncée plusieurs années à l’avance les acteurs concernés ont le temps de la réflexion, autour de réunions qui tracent au fur et à mesure une ligne directrice de ce qu’il est possible de mettre en place.
Ce changement des horaires d’apprentissage des enfants scolarisés en primaire a engendré une multitude de réunions préparatoires.
Il a fallu dans la précipitation réunir représentants de parents d’élèves, enseignants, directeurs d’école, acteurs de la vie associative et équipe municipale en charge du dossier. Au cours de ces réunions qui ont cherché avant tout à assurer le bien-être de l’enfant, on a parlé nouveaux horaires de cours, encadrement, activités périscolaires et budget.
L’idée majeure autour de l’aménagement des horaires est de répartir les heures de cours non plus sur 8 demi-journées mais sur 9. Ce qui est souhaité est de déplacer les apprentissages qui réclament le plus de concentration aux horaires où l’enfant est le plus attentif (en tenant compte de son biorythme).
Par exemple, les mathématiques, la lecture et l’anglais le matin ; les arts plastiques, les activités sportives ou culturelles l’après-midi.
Du point de vue de l’encadrement des activités périscolaires, chaque école s’est demandée qui allait faire vivre les 45 minutes par jour libérées par la demi-journée du mercredi matin. Certaines écoles ont d’ailleurs préféré faire un seul bloc de 3 heures ou deux blocs d’une heure trente ceci pour proposer aux enfants une ou deux activités plus longues (découverte du numérique, initiation à de nouvelles langues étrangères, éveil de la curiosité scientifique et culturelle, sport, cuisine, jardinage, etc.)
Donc qui va encadrer ces activités périscolaires qui elles aussi apportent (sous un autre angle bien entendu) des connaissances à l’enfant ?
Les collectivités territoriales jouent un rôle majeur dans l’application du changement des rythmes scolaires :
Dans la mesure où toutes ces activités en dehors du temps disponible pour apprendre sont réparties par petit groupe, il a fallu absolument multiplier les intervenants. C’était à la fois une source de confusion au tout début pour les enfants mais également une source d’enrichissement éducatif et humain.
Les collectivités territoriales (mairie, département et région) se voient attribuer selon leur domaine de compétences un rôle dans cette conduite du changement.
Le rôle des mairies :
Le domaine de l’enseignement dans les écoles primaires est du ressort des municipalités. Elles sont chargées de veiller à la création, l’implantation, la gestion et le financement de ces établissements. Cependant, le salaire des maîtres, maîtresses et directeurs des écoles est versé par l’Education nationale.
Cette réforme pour un aménagement des temps d’apprentissage a ajouté d’autres prérogatives dans les mairies : elles ont été amenées à recruter massivement des animateurs et animatrices de centre de loisirs pour les TAP (temps d’activités périscolaires). En plus de cette vague de recrutement, les mairies ont mis en place après concertation un planning pour toutes ces activités.
Pour proposer une réelle diversité d’activités, les mairies se sont tournées vers les associations, les personnels municipaux (qui travaillent par exemple pour la piscine de la ville, dans les musées, les cinémas, les théâtres, les conservatoires municipaux ou à la bibliothèque municipale), les atsem (agent territorial spécialisé d’école maternelle) qui peuvent animer un atelier ou encore des intervenants extérieurs.
A ces missions de recrutement et d’organisation, il faut ajouter l’établissement d’un budget. L’AMF (Association des Maires de France), a évalué le coût de cette réforme entre 150 et 200 euros par élève et par an. L’aide de l’Etat s’élève à 50 euros par an et par élève. La différence reste à financer.
Certaines villes ont pris en charge ces dépenses dans leur budget, d’autres communes demandent une contribution financière aux parents.
Le département et la région interviennent également :
Le département s’occupe notamment de la création et la gestion des bibliothèques au sein du département et des musées.
La région parmi ses nombreuses fonctions gère l’offre de transport au niveau régional.
Depuis l’application de l’aménagement des horaires pour enfants de la maternelle au CM2, d’autres rendez-vous ont remplacé les réunions de préparation. En effet, plusieurs mairies suivent de très près ces bouleversements au travers de comités de pilotage.
Si vous avez des commentaires ou si vous voulez partager avec nous, n’hésitez pas à nous contacter.