Réforme du point d’indice de la fonction publique : une bonne nouvelle ?
Pour bien saisir les enjeux de la réforme du point d’indice dans la fonction publique il faut au préalable se mettre à la place des fonctionnaires, de l’état, des salariés du secteur privé, de la cour des comptes et de la commission européenne.
C’est entre tous ces acteurs que se joue cette pièce.
Annick Girardin l’actuelle ministre de la fonction publique qui succède à Marylise Lebranchu qui a fait les frais du remaniement du 11 février dernier a annoncé le 17 mars une hausse du point d’indice de 1,2 % en deux fois.
La première revalorisation de 0,6% interviendra le 1er juillet et la seconde – elle aussi de 0,6% – sera effective le 1er février 2017.
A quoi sert le point d’indice ?
Il régit les salaires –et donc les augmentations de salaires – dans la fonction publique. Chaque agent est indicé en fonction de son grade, sa catégorie et son échelon. Cet indice propre à chaque agent est combiné à l’indice majoré qui était gelé depuis 2010 à 5 556, 35 euros.
Comment est perçue cette augmentation de la valeur du point d’indice ?
Bien entendu, du point de vue des syndicats cette augmentation est insuffisante (certains syndicats réclamaient une revalorisation de 7 à 8% du point d’indice). Chez les salariés du secteur public, la nouvelle est accueillie avec soulagement. En effet, la valeur du point d’indice était gelée depuis 2010. Six années consécutives sans revalorisation du point d’indice, c’est une situation inédite depuis 1944.
L’état lui se place entre le marteau et l’enclume. Un gouvernement aussi peu populaire dans l’opinion publique ne peut pas se permettre d’ouvrir les hostilités sur un deuxième front (après la réforme du code du travail déjà très décriée) qui aboutirait à une médiatisation de la grogne des salariés (du privé et du public) et une nouvelle vague de manifestations. Il fallait donc lâcher du lest. C’est d’autant plus critique que nous sommes à 13 mois du 1er tour des élections présidentielles…
Pour autant, essayer de s’attirer les faveurs d’un électorat traditionnellement de gauche n’est pas aussi facile que cela puisque la communauté européenne impose des économies budgétaires à chacun de ses membres dont la France.
Les salariés du privé même s’ils trouveront que les fonctionnaires sont privilégiés avec cette augmentation verraient les choses autrement si on les plaçaient dans un cadre ne leur permettant pas d’obtenir d’augmentation pendant 6 ans… Après quelques reportages informatifs, ils percevraient les choses sous un autre angle.
La cour des comptes dans ses calculs s’oppose à cette revalorisation du point. Elle se base sur des calculs prenant en compte des personnels occupant le même poste depuis 2 ans. Pour elle il n’y pas eu de perte du pouvoir d’achat depuis 2010 grâce aux primes, aux indemnités et aux avancements. Le problème de ce mode de calcul est qu’il n’est pas représentatif de l’ensemble des effectifs. Le calcul de la cour des comptes est en franche opposition avec celui de l’Insee qui évalue la perte de pouvoir d’achat de 0,1% à 0,7% en 2013.
Cette réforme tant attendue s’annonce comme une bonne nouvelle pour les agents mais pas pour la commission européenne ou la cour des comptes…